samedi 29 juin 2013

One minute after


It will come as a rain of high-energy electrons
disrupting the magnetic field,
a severe drain of charged particles
commuting and switching off all devices,
burning our body electric singing no more
& the whole of modern world as we know it.

It will come as a stone thrown in a pool by a child
a pond of atmospheric proportions
a surface of watered vapors and golden clouds
lit suddenly by the ripple effects of the blast
turning the ionosphere into a feast of photons
& the whole of the Earth’s air as we know it.

It will end up as a massive storm of fire
sixty seconds after the un-noticed first disruption
except for a few distractions on our cell phones
our computers suddenly frozen by silver tongues
when the wrath of a higher power will fall down
& erase the whole of life as we know it.







doing some research on EMP effects for a sci-fi short-story
well, logically, this is what should follow the EMP in the second wave of attack, less than 60 seconds after the first blast. However, the key question for me is: what happens inside a mind during this ever-lasting minute? Don't ask, I'm writing.

Note additionnelle:
Extension du domaine de "la métamorphose en burn-out", la métaphore de l'explosion thermonucléaire. Le "sous-texte" de ce post en anglais "One minute after", n'est pas accessible sur mon blog ; il s'agit d'une de mes nouvelles de science-fiction que je suis en train de relire / réécrire partiellement aux fins de publication dans une anthologie sur laquelle il y aura communication plus tard. Et je vous rassure, je n'ai pas le cerveau cramé. J'observe aussi avec amusement l'évolution d'un projet d'écriture qui a débuté très exactement le 8 novembre 2011 par un jeu en atelier d'écriture (une variante d'un 'cadavre exquis'), et qui devrait déboucher sur une publication en 2014.

Et voici le point de départ de la recherche qui est disponible dans un rapport datant de 2004 de l'armée de l'air américaine (USAF) disponible ici : Report of the Commission to Assess the Threat to the United States from Electromagnetic Pulse (EMP) Attack



mardi 25 juin 2013

40 days dans le désert b (hommage à moebius)


Sunday, 11th March 2012 (revised : 24th June 2013)

pour Joachim


décès de jean giraud moebius
 hier

j’ouvre 40 days dans le désert b 
bande dessinée sans parole
 noir et blanc au crayon
 sur papier crème soixante-dix cases soixante-dix planches
 une seule bande à l’italienne format 24cm x 16cm au format original du carnet de l’auteur publiée en novembre 1999 chez stardom moebius productions
   titre énigmatique en franglais
   ouvrage de sorcellerie graphique dit ironiquement le quatrième de couverture
   d’où vient l’œuvre où va l’œuvre
   40 jours pour une méditation dans le désert

 le désert est américain
   paysages de l’ouest
 le désert lieu rituel de la méditation
 bible castaneda
 en silence même pas de bande son
   ce n’est pas un film muet nous sommes plongés dans le silence du désert
   l’œuvre raconte par la puissance des images par leur enchaînement
     nous sommes bien dans un récit case planche fiction
     l’art n’a pas besoin de colifichets signes extérieurs bulles ponctuation
     langage structure grammaticale

 self-generated each symbol speaks for itself
 the flow is key to meditation
 flow of thoughts
   flow of sub mental processes arising freshly in silence in desert b
   why b
   b like be
    to be or not to be
    b following a aleph beth
    the sequence of thoughts is key
    the alphabet reveals its fundamental power unspoken
      in the begin was god or light or void
      then men or words or pictures

 en voici une très belle une de mes préférées la première case
 pauvres mots tentez l’impossible traduire une image sans la trahir
   un ange debout traverse le désert plat sur une machine au ras-du-sol totem mécanique
   mais peut-être ne vole-t-il pas
   il y a ambigüité
   petit nuage de poussière à l’arrière du totem illusion du mouvement deux grandes ailes de l’ange une longue chevelure flottante du vent il y a mobilité des éléments fixité du sujet la pensée de l’ange est matière devenue forme et matière projetée hors de sa tête ectoplasme ébauché

   thoughts have a materiality according to mediums
   they mix with walls and ceilings and floors and objects small machines animated
   a meditation is a way to produce things that will populate the world
   let us share our thoughts for a better world
     except emptiness surrounds the medicant in desert
     feel the heat of sun on your skin
       slowly burning
       cell by cell
       evaporated
       ashes to ashes

 ils utilisent tous les mêmes métaphores
   cela brûle cela consume
   se consume en moi dans l’absence de parole
   avec la parole des commencements qui émerge et détruit le corps enveloppe destinée à rejoindre les éléments dans le vent
   spores particules de peau brûlée
   pensées du cerveau qui fond littéralement sous la trop forte chaleur
   les pensées dégoulinent par les yeux la bouche le nez les oreilles
   organes de perception organe de phonation organes des échanges d’air
 voici votre rôle révélé
 l’esprit sort de la tête comme excréments
   purge
   car une méditation est une purge grand nettoyage

   obsession
   with clean with dirt with weight with loss
   dry it up
   clean it up
   do it yourself
   death valley is not far from L.A.
     extremes of consumption consumation usa today
     usa yesterday
     the man is now sitting
     his longbow ready besides him
     navajo in monument valley
        i understand moebius
        once you have seen those landscapes how can you forget
        i cannot forget i want to go back there
        standing rocks ships in the desert
        now i understand it very clearly moebius was a navajo
        now he has gone to the fifth world maybe
           diné bahane the story of the people
           according to navajos
            they were the wind talkers during world war ii in the pacific
            i remember a macdonald’s restaurant near kajenta on our way to monument valley navajo tribal park just at the border between arizona and utah
               it was also a museum devoted to those wind-talkers
               so a medicant is maybe a supplicant of god
               talking to the wind in the desert
               begging for survival
                   how can we westerners understand this

 il y a une forme de supercherie dans tout cela
 nous n’y comprenons rien dans le fond mais faisons semblant
 l’art est le premier des artifices
 après les questions demeure l’envoûtement des œuvres

 quelle est l’histoire de 40 days  dans le désert b
   en quelques mots un ange apparait sur une machine volante devant un homme
   le starwatcher ou le navajo habituel de moebius
   voir autres œuvres le type au long chapeau pointu
   s’ensuivent de premières visions des tentations
   et d’un coup il les fait disparaitre par sa volonté
   je me suis dit on est en plein dans la tentation de saint-antoine au désert
   relisez flaubert par exemple magnifique texte que sa tentation
   donc moebius est aussi inspiré par la tradition mystique occidentale
   on s’en serait doutés un peu
   toutes ces tentations s’envolent et disparaissent dans un champignon atomique de bon aloi
   quelle puissance dans sa tête ce type quand même
   vous vous dites
      là il en jette le gars
      côté brain power
     he is kind of a superheros
     by the way moebius worked also for marvel comics
     one of his best known albums in the us is the remaking of silver surfer
     that was also a good story

   malheureusement les ennuis ne font que commencer pour joe navajo
   dans le désert y a trois gars qui tirent une immense bouteille où l’on peut lire big dreams
   toute la nuit sans dormir trois angelots démoniaques en sortent et c’est reparti
   car notre brave joe navajo est
   maintenant c’est moi qui interprète
   dans un monde parallèle
   il va osciller pendant sa méditation car
      notez bien que joe navajo reste parfaitement immobile
      pendant que tout ça se passe devant autour de lui
      il va continuellement osciller entre ici le désert et là-bas le désert
      remplacé par une ville un temple des machines des tas de gens bizarres
     autour de lui des géants endormis
     admettons il est sur une autre planète
   joe navajo fait alors la seule action de tout l’album
   il a un grand arc qui traînait à côté de lui
   il l’arme d’une flèche dont la pointe est le symbole de l’infini
   ou d’un ruban de moebius
   et puis c’est tout
   la flèche a atteint une cible qu’on ne voit pas
   du coup le pandémonium explose autour du pauvre joe
   je vous passe les détails
   toujours est-il que c’en est trop pour le mec
   il finit cramé comme je vous disais au début
   son cerveau a explosé
   les dernières cases montrent ce qui reste de lui en train de partir en poussière dans le désert
   le petit engin volant totémique s’envole

 rideau
 le mot fin apparait à la fin
 sacré moebius tu nous as encore une fois menés en bourrique
 quel talent quand même
 dommage que tu sois parti
 bon vent

 next time if you have some opportunity
 let us know how it looks in your new planet
 a small drawing would be fine
 thanks in advance
 bye
 one of your admirers

christo
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NB: première publication de ce texte le 11 mars 2012 - la présentation a été revue pour ce post (lisibilité)










Moebius, cases extraites de "40 days in the desert B" (Stardom, 2009 - d'après les carnets de l'auteur en 1999)

Moebius est très populaire dans la blogosphère, les deux blogs suivants parmi bien d'autres j'imagine mentionnent le livre :
* Anime Artbooks
* Parka Blogs (avec une video)

jeudi 20 juin 2013

Ring (pré-projet romanesque XI)


Il y a quelques jours Brigitte me racontait un épisode du « Roma » de Fellini qui pourrait avoir un rapport avec la féérie des autoroutes : un embouteillage de tous les diables s’y produit, un pique-nique géant improvisé sur les capots des autos s’y déroule dans une furieuse allégresse entre engueulades et embrassades (est-ce que j’invente cette scène ou s’agit-il d’un autre film ?) ; le cinéma est riche de variations sur le thème des autoroutes : par exemple, le début du film de Jacques Tati, « Mr Hulot part en vacances » est une bonne illustration sonore de l’enfer du voyage mécanique ; j’aimerais rendre compte de ces bruitages par un texte fait de cliquetis, de vroum-vroum, de chuintement, de coups de klaxons, de tintinnabulements qui n’ont rien des grelots du sonnet de Mallarmé où les licornes ruent du feu dans une nixe ; faudra de toute manière travailler à l’arrache le vocabulaire, tailler dans la masse ; mais dans la tête du personnage principal, Jason, tout est possible, toutes les musiques, les sons, les effets spéciaux, et surtout le pire arrive, car voilà que je me remémore soudain, le début de « Falling Down » où Michaël Douglas disjoncte un matin coincé dans une bretelle d’accès du capharnaüm de Los Angeles,  abandonne son véhicule et se transforme en justicier dans la ville de toutes les déchéances. Jason a quelque chose du cadre WASP anonyme des banlieues qui d’un coup fait un burn-out. De ce point de vue il me ressemble, question péage et potage de plomb dans l’aile du grand oiseau blessé, albatros, oui, Jason est un albatros blessé par le tir cruel du Vieux Marin, ou bien Jason n’est-il pas en fait un des avatars du Vieux Marin ? Il s’agit d’un de mes tous premiers textes, publié sur le Net – merci Alexandre S. Garcia, un trip inspiré par le poème du romantique anglais Coleridge ; sans surprise Jason m’y fait penser car il est lui aussi maudit, c’est un mauvais garçon qui fuit le meurtre présumé de sa famille (ce sera l’incipit du roman et ne croyez pas que tout est dit, au contraire, rien ne sera dit, c’est juste un effet d’accroche, puisque les éditeurs pressés ne lisent plus que les premières pages des romans – je les comprends : cinq cent à mille manuscrits par mois chez les Seuil, les Actes Sud, les Minuit et autres Gallimard. Céline, qu’aurait-il éructé sur cette avalanche de papier, lui qui déboulait avec son bulldozer dans sa dernière lettre à Gallimard quelques heures avant sa mort, pour lui défoncer sa boutique, à Gaston Gallimard alias « Achille Brotin », oui, qu’aurait-il écrit Céline ? Il a de fait rédigé des pages hilarantes sur le culte de la vitesse, du vroum-vroum, des berlines et de la benzine quelque part dans « Rigodon ». Il avait tout vu venir Céline…) – bref ! Jason fuit, on l’aura compris une vengeance d’un justicier, mais qu’irait-il faire dans cette galère du Ring de Bruxelles, son fusil à pompe à la main ? Il n’a qu’un vieux pistolet dans la boite à gants de la voiture. Il va faire quoi avec ? S’exploser la tronche ? Taper dans le mille d’un pare-brise en se tenant planté au milieu de la route tel un cow-boy qui attend calmement la charge des Outlaws ? Que va faire Jason de son revolver ? Et pourquoi n’utiliserait-il pas un lance-roquette emprunté au stock américain tant qu’on y est pour le tir aux pigeons du côté de Zaventem ? J’ai dit quelque part que Jason avait été traumatisé par la guerre civile ? Non ? Et bien, on sait déjà que c’est un professeur américain (un gars du Deep South) qui enseignait l’histoire dans une université de Géorgie ou de Caroline du Nord, sa spécialité étant justement la Guerre dite « De Sécession » (dans le Nord) ou « Entre les Etats » (dans le Sud). Et qu’un beau jour il a du quitté dare-dare le Nouveau Monde pour l’Ancien (voir l’incipit et ce meurtre abominable), mais manque de pot, cela se passait au début des années quatre-vingt dix et notre brave Jason se retrouva embarqué malgré lui dans cette guerre contemporaine féroce, chapelet de petites guerres « De Sécession » (pour la Yougoslavie), entre Slovénie, Croatie et puis Bosnie-Herzégovine, à titre de journaliste de guerre, sous une autre identité. Tiens, pour la bande-son du film qui sera adapté un jour de « Ring », j’entendrais bien « Run run run » ou « Square Moon » de Sophie Auster dans un passage guilleret où Jason fait vrombir le moteur de sa caisse.

Quand Jason ne rumine pas les souvenirs douloureux de la guerre il rêve, Jason il conduit en somnambule, il a des tas de visions.

« Ce matin sur le Ring intérieur, au km 11, j'eus la vision d'un vieux tram qui circulait sur le talus verdoyant de la berme centrale, dans la même direction que moi, vers Waterloo. Arrivé à la sortie numéro 28, la plus haute dans la numérotation du Ring, il s'évanouit, happé par le double sillage dense des véhicules ralentis dans l'autre direction, englués dans les bouchons du Ring extérieur. Ce tram était celui qui abandonné, mal aimé, n'ayant plus du tramway bruxellois que la carcasse mais dont l'âme s'était depuis longtemps envolée, git Place Wiener à Boitsfort, et qui avait pris la poudre d'escampette pour rejoindre dans une ultime aventure tramatique les voyages d'Aliette Griz et mes propres rêves wagnériens du Ring. »

Quand Jason ne rumine pas les souvenirs douloureux de la guerre il écrit, Jason il écrit des poèmes en conduisant l’automobile qui la bien-nommée se conduit toute seule, il écrit des tas de poèmes.

« On a clear lazy evening / I sat gently on my bench / Smoking cigarettes // Then I saw her from the distant alley of poplar trees / At full speed she arrived / The Lady of the Night / She was creaking the brakes / Gnawing and eating the pavement / And stopped softly without a horn / Just in front of me // Her door opened / Nobody inside / She invited me for a ride / A full night ride / A crazy night ride / On the Ring // I left Timber / The golden retriever / Keeping the house / Jumped into her steel made body / And we went through the air / Riders on the Ring. »


Jason, je veux dire William Foster (joué par Michael Douglas) dans le film "Falling Down" (1993) de Joel Schumacher.


Jason rêve les yeux éveillés en conduisant...


Jason rêve de l'époque où il conduisait sa Pontiac GTO 1968 dans sa Géorgie natale...