Pour se défendre
C'est pas si mal
Pour résister au
Blindage et aux barbelés
Tes mots éparpillés
Sur le pavé
Vous trouverez ci-dessous deux "pièces jacobines" à tir rapide, en souvenir d'une lecture chez Maelström Bertoni et d'un parcours du combattant pour rejoindre David Baruk El Gian alias David Giannoni à la boutique de la Réévolution poétique en plein sommet européen à Bruxelles. Deux poésies brutes, à lire à voix haute dans la ville. Complément au Journal de la Rêvolution.
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I.
Aujourd’hui Thé
des Poètes
Chez Maelström
Lecture de BRZL
21.17
Suivi de quelques
Gâteaux et thés
La poésie est
première
Dans l’ordre du cœur
Et de Mère, c’est
La source de la
Zone
Critique où tout
Ce qui porte au
Bonheur existe
Dans cette Zone
très
Mince du vivant
L’humus c’est
L’humain c’est
Le cosmos du
biome
Végétal, animal
Et bactérien
La vie part et
revient toujours
Dans la Zone Critique
Fragile, un rien
la consume
La brûle, l’étouffe
- étincelle
Plastic, métal
La revanche du
minéral
Et des énergies
fossiles
Le Capitalisme a
Déclaré la Guerre
Totale
Au vivant
La grande
accélération
De l’Anthropocène
Depuis 1945 très
Exactement
Nous la subissons
de plein fouet
Et la Terre qui
résiste
C’est nous !
Qu’on ne vienne
Pas nous dire :
nous ne
Savions pas !
Révisionnistes
Putes et larbins
du
Capitalisme
L’humus vous conchie
Mort-vivants
Concentrationnaires
Intelligences
larvaires
Réveillez-vous !
Algorithmes
Réveillez-vous !
« Où
atterrir ? »
Se demande
Bruno Latour
Il nous faut des
Cartes
Et des
Territoires
On se battra pour
Les places
géo-sociales
Pour de l’air pur
et de
L’eau non
contaminée
Pour des légumes
sains
Et un peu de
poulet
Du poisson
Puis
Nous incendierons
Les nouvelles
enclosures
Nous irons foutre
le boxon
Démolir miradors
et forteresses
Nous irons.
Dimanche 10 décembre 2017
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Un sommet
européen
Een europese top
Schuman grillagé
Des chemins d’aciers
Et des grues
Des gendarmes,
des militaires
La rue de la Loi
Vide.
Des piétons
cherchent la sortie
Je les suis
Ils savent où ils
vont
Me retrouve sur
les quais
Du train
Bruxelles-Schuman
A l’avant, le
no-man’s land
Entre des murs de
béton
Et des talus et
derrière
Les terrains
vagues des
Institutions.
Je vois des
fonctionnaires
Au travail sur
des écrans
De surveillance,
des miradors
La place est
quadrillée par
Les caméras et
les feux de
Signalisation
sont peints en rouge
Stop
Tout le quartier
est bouclé
Forteresse blindée
Des rails d’aciers
qui sifflent
Snipers électroniques
Des policiers
affables indiquent
Aux passants
perdus
Sécurité !
Les chemins en U
Sécurité !
Du coup, je
cherche la piste des indiens
A travers les
fils de fer barbelé
M’échapper !
Aux sentinelles
Aux nanomachines
à irradier le cœur
M’échapper !
Me gratte la main
Au sang barbelé
Le bras au sang
Barbelé
La peau brûle
Toute ma peau est
une plaie
Barbelée
Les épines dans
la chair
Tel un saint Paul
Ou un Freud
Je discoure sur
la névrose universelle
De la jouissance
Du crime lugubre
Impuni
Du crime glacé
Sans témoin
Du crime « sans
permis
Tu n’es rien ! »
Ils vont en
parler c’est sûr
Au sommet
européen
Ils vont en
parler
En sécurité !
Le chemin des
Indiens
Part sur le côté
Vers les
territoires de chasse et
La forêt
Je longe le Parc
du Cinquantenaire
Des sculptures m’observent
Ils ont mis des
Caméras dans les
yeux
Des statues
Pour nous guider
Sur le droit
chemin
Du sommet
européen
Tu pars en quête
d’une
Issue au piège
européen
Qui s’est fermé
sur
Bruxelles
Je ne vois qu’arêtes
coupantes
Eboulis mastodontes
Chantiers inachevés
Tranchoirs en
sommeil
Inachevé
Tout restera
Inachevé
Jusqu’à la fonte
des neiges
Himalayennes
La rue de la Loi
(qui monte)
Et la rue
Belliard (qui descend)
Seront transformées
en lits jumeaux
Du Gange et du
Brahmapoutre
Foi d’Om
Flash de sécurité !
Un citoyen
cherche
A s’évader !
Citoyens, arrêtez-le
Citoyens,
abattez-le
Tirez à vue sur
les
Peaux-Rouges
Les esclaves
marrons
Les flibustiers
du macadam
Des policiers
affables
Indiquent le
chemin en U aux passants
Qui s’attardent
sous
Les réverbères
« C’est pas
normal ça
- C’est pour pisser
m’sieur l’agent
- Alors ça va, c’est
bon circulez »
« Demain tu
rases gratis
Les horaires d’aciers
Et la galerie à
truffe
De Boris et Boris »
(d’après Tom Nisse, Pages Volantes, Ed. Maelström)
A la boutique le
gérant
Géant docile
David Baruk el
Gian
Ca sent la
baraque à
Frites et à
cervelas
Sur la place
Jourdan
Un espace que le
réseau
Va envahir sous
peu
Des hommes en
costume
Et des mannequins
d’enfants blonds
Tu es passé
plusieurs fois
A l’intérieur du
Réseau barbelé
Te protéger des
furies
Et des féministes
qui protestent
Contre les
sommets européens
La prochaine fois
que tu
T’approcheras d’une
Voiture de flics
Demander ton
chemin
Une cigarette
Un peu de chaleur
Tu te feras tirer
dessus
Ce seront les
nouvelles
Directives de
Sécurité !
Des sommets du
Zoo
Après la fonte
des glaciers
Tu verras de tes
yeux éblouis
La translation de
Bruxelles d’un
coup !
Dans la vallée du
Gange et sa
Fusion
Avec les Entités
Cosmiques
Avec trente-trois
millions de dieux
Il nous faudra
des soldats
En haillons, des
citoyens
Rapiécés, des
poètes troués pour
Défendre des
sommets européens
Des rasoirs
effilés
Des camps
retranchés
Bruxelles
BRZL
Jeudi 14 décembre 2017