samedi 22 décembre 2018

2018 s'achève, un bilan ?

Affiche de Le Dernier jour de la Commune, Paris 1871, Grand panorama, par Castellani ; 1883 – source Gallica BnF, courtesy by "Marx, à propos de la Commune de Paris"

  Rien de tel pour s'informer sur la Commune de Paris, que de regarder ou d'écouter les conférences du regretté Henri Guillemain. Elles furent diffusées sur la Radio Télévision Suisse en 1971 pour célébrer le centenaire des événements. Treize conférences dans lesquelles ce grand professeur raconte une histoire avec conviction, passion, amour du détail, six heures et demie d'émission dans lesquelles il restitue le vif de ces grandes fresques qui mêlent personnalités et forces sociales et qui s'appelle l'Histoire : il suffit de l'écouter quelques instants et on se laisse emporter dans le flux. Cette remarquable leçon du passé vers notre actualité, car ce qui était vrai de l'analyse en 1971, il y a 47 ans, l'est toujours en 2018, est disponible sur les archives de la RTS ici ou encore sur le site de l'association des Amis de la Commune de Paris, ainsi qu'en bien d'autres endroits sur Youtube (mais l'ordre des épisodes n'y est pas garanti).
  Quand aux textes, ils sont nombreux, on s'en doute. Je citerai uniquement celui de Marx écrit à chaud pendant les événements : 1871, La Guerre Civile en France disponible également en téléchargement sur le site des Classiques des Sciences Sociales de l'Université du Québec à Chicoutimi (UQAC); il s'agit de l'édition numérisée du texte publié par les Editions Sociales en 1968 (dont illustration ci-après) :


   Pourquoi terminer l'année par ce souvenir un rien fâné de la Commune de Paris?
Parce que l'histoire des défaites des tentatives d'émancipation des hommes est plus intéressante que celle de leurs apparentes réussites, au nom de l'industrie, de la consommation et de la politique parlementaire. S'il y a un parallèle à faire avec la modernité, je pense que le Second Empire est un bon modèle du désarroi actuel. Dans le fond, après De Gaulle et son coup d'Etat permanent institué en 1958 (pour reprendre une formule de François Mitterand), la Cinquième République, en dépit des changements d'hommes et de styles à la tête de l'Etat, n'a jamais été rien d'autre qu'une comédie inavouable de bonapartisme muselé et de parlementarisme affairiste dans lequel les alternances droite - gauche et extrême-centre ne font rien d'autre que jouer selon les bonnes règles du Capital. Alain Badiou dit souvent que l'époque actuelle lui fait penser aux années 1840, juste avant le réveil des peuples de 1848. Pour ma part, je glisserais le curseur un peu plus loin, au minimum après 1852 et au maximum avant 1870. Je crois que nous en sommes plutôt là.
  Mais l'histoire n'est jamais à prendre au pied de la lettre.

  Sur ce, bonne année !