samedi 29 juillet 2017

Théâtre des Opérations, Juillet '17


Mais la force pure ne suffit pas, c’est là, dans sa prison, que le Surfer découvre le pouvoir de l’empathie.

Journal de la Rêvolution


  Au sommaire de cette édition de Juillet du « Journal de la Rêvolution », vous trouverez quelques essais et discussions sur des thèmes comme l’avenir du travail, l’individu et le collectif, le paradoxe de Fermi, ou une critique de l’antitotalitarisme, ainsi que les rubriques habituelles de fin de billet : extraits de l’Agenda de la Pléiade il y a soixante ans, remerciements et liens vers les épisodes précédents du journal.
 Par ailleurs, un scénario se construit en parallèle, mettant en scène des personnages d’une série des Marvel Comics autour des figures emblématiques de Galactus et du Silver Surfer. Allez donc savoir quelle est la trame la plus importante du Journal : les diverses analyses et commentaires ou les aventures d’un super-héros ?
  Bonne lecture.




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Résumé des épisodes précédents :
1.     Qui est Galactus ? D'où vient-il ? Quel est son but ?
2.     Naissance du Silver Surfer, la plus belle création de Galactus, maître de l'univers.
3.     « Propage mes tweets dans tout l'Univers » lui dit-il. Silver Surfer s'élance vers les mondes habités.
4.     Le vaillant Surfeur d'Argent parviendra-t-il à échapper à l'emprise totalitaire de Galactus, le dévoreur de planètes ?
5.     La menace se précise. Galactus arrive. Sa destination : la Terre. Son but : y faire prospérer le capitalisme prédateur.
6.     Le Surfeur d’Argent prend son élan. Parviendra-t-il à se libérer de l’attracteur étrange ? La vitesse de libération est supérieure à 11 km/sec.

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« Ces ouvriers, contraints de se vendre au jour le jour, sont une marchandise, un article de commerce comme un autre ; ils sont exposés, par conséquent, à toutes les vicissitudes de la concurrence, à toutes les fluctuations du marché. »
- K. Marx & F. Engels, Manifeste du parti communiste, 1848

« L'ancien régime est la tare cachée de l'État moderne. »
 - Karl Marx, Contribution à la critique de la philosophie du droit de Hegel, 1845

« Un peu de science permet parfois d'économiser beaucoup de philosophie. »
- Patrick Tort, L'effet Darwin : sélection naturelle et naissance de la civilisation, 2008

“The human species can, if it wishes, transcend itself – not just sporadically, an individual here in one way, an individual there in another way – but in its entirety, as humanity. We need a name for this new belief. Perhaps transhumanism will serve: man remaining man, but transcending himself, by realizing new possibilities of and for his human nature.”
- Julian Huxley, Religion Without Revelation, 1927

“The Universal Declaration of Human Rights... categorically states that the 'right to life' is humanity's most fundamental value. Since death clearly violates this right, death is a crime against humanity, and we ought to wage total war against it.”
- Yuval Noah Harari, Homo Deus, 2016, p. 24

« Mon ami Rob Watson, consultant environnemental, emploie cette parabole : « Tu sais, si tu sautes du haut d’un immeuble de quatre-vingts étages, tu peux avoir l’impression de voler pendant soixante-dix-neuf étages. C’est l’arrêt brutal, tout en bas, qui surprend. » Si nous ne nous réveillons pas, c’est la direction que nous prenons – jusqu’à l’arrêt brutal, tout en bas. »
- Thomas L. Friedman, La Terre perd la boule, trop chaude, trop plate, trop peuplée, 2008, p. 33

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Travail

Quel est l’avenir du travail dans une société que l’on dit de plus en plus « sans travail » ? De quels travailleurs parle-t-on ? A quel prix se vendront ceux et celles qui voudront encore mettre leur force musculaire ou leurs neurones à disposition d’un patron ? Quel avenir réservera-t-on à ceux qui ne veulent pas du travail ?
L’avenir du travail se jouera dans un clivage prononcé entre les emplois de moins en moins qualifiés et les emplois de plus en plus qualifiés. Les premiers seront menacés à terme par la montée en puissance des robots de manutention, ménagers ou caissiers ou de « services ». Les seconds ne devraient pas craindre grand-chose car les Etats (du moins les plus puissants d’entre eux) voudront garder le contrôle de ces ressources précieuses et stratégiques et maintiendrons la sélection sociale qui produit de la « haute qualification ». Ceux des hyper-qualifiés qui ne serviront pas directement les gouvernements seront happés par le capital nomade et s’en iront passer leur vie dans le Village des multinationales, avec lesquels nos futurs états iront se confondre petit à petit. Ils n’auront rien à craindre, ni pour leur descendance, jusqu’à la douzième génération au moins. Les frontières ça sert uniquement à repousser les pauvres et à maintenir les mythes nationaux en place pour déjouer les véritables insurrections (observez l’histoire occidentale du début du vingtième siècle entre révolutions et contre-révolutions). Les riches sont naturellement globalisés.
Toutefois, jusqu’à preuve d’une arrivée massive des robots, les emplois du premier type devraient être préservés et la demande devrait même augmenter pour répondre notamment aux besoins de l’aide sociale, qui sera, elle, fortement marchandisée – à défaut de maintenir une sécurité sociale digne de ce nom – cfr., l’histoire du « postier » qui va dire bonjour aux personnes âgées et isolées. Ces emplois du premier type devraient également concerner la gestation pour autrui et le retour des nourrices dans les familles bourgeoises. Il est évident que les femmes des classes sociales privilégiées trouveront de plus en plus attractives les propositions de se décharger de la corvée de grossesse ou d’allaitement, en payant des femmes moins bien loties socialement qu’elles. Tout travail mérite salaire. Il n’y a donc pas de raison que la mise au monde de bambins échappe à cette loi d’airain de la production. Et dans les « services », le travail est offert avec du « cœur » en prime. Pas beau ça ?
Mais qu’en sera-t-il des emplois compris entre ces deux extrêmes de la qualification, ceux des pauvres et des nouveaux pauvres d’un côté, ceux de l’élite de l’autre ? C’est-à-dire, de ce qui constitue l’immense majorité des emplois d’aujourd’hui, qualifié de secteur tertiaire ? Il s’agit des emplois typiques actuellement occupés par la classe moyenne qui fait des études, mais de plus en plus difficilement, de ceux qui ont permis aux classes populaires des générations nées entre 1940 et 1970 de profiter quelque peu de l’ascenseur social, tant qu’il fonctionnait. Pour résumer, appelons ces emplois d’après le niveau d’étude correspondant : BAC+3 ou équivalents. Ces emplois de cols blancs (comptables, informaticiens…) ou de techniciens qualifiés partent de plus en plus vers les pays à bas salaire qui regorgent de diplômés qui rivalisent avec les nôtres, massivement. Allez faire un tour dans les grandes banques et vous pourrez l’observer. Par conséquent, les jeunes diplômés « BAC +3 » sont et seront de plus en plus, forcés d’accepter des conditions de travail dégradées ou des emplois qui ne correspondent plus à leurs qualifications (ils iront rejoindre la cohorte des emplois du premier type en éjectant les fils et filles sans diplôme). C’est l’effet domino de ce que Franck Lepage appelle la théorie de l’excès de culture dans une société de chômage structurel de masse (cfr. vidéo sur Youtube entre 2h23’ et 2h32’ environ – mais je vous conseille de regarder toute la conférence qui fait partie d’un cycle rafraichissant intitulé « Incultures »). Frank Lepage est drôle, on se marre à regarder ses fameuses « conférences gesticulées » dont il est l’inventeur.
Mais bon, ce nouveau marché du travail sera avant tout un Grand Marché ! A chaque jour il faudra un nouveau challenge, il faudra se surpasser, aller plus loin, pour se vendre au meilleur prix (le plus bas). Ce ne seront plus les futures et options sur les commodities qui seront négociées comme au Chicago Mercantile Exchange dans le pit sur la mode gueulante du open outcry, ce seront les prix pour vous et moi, pour une journée de travail, en fonction de l’indice de valeur correspondant. A terme, tout comme les pits de Chicago appartiennent désormais à l’histoire du trading et ont été remplacés par des bourses d’échanges informatisées, viendra le moment où le prix d’un travailleur se négociera sur les marchés informatisés en temps réel.
  L’avenir du travail (sur les segments de moindre qualification, voire de pas de qualification du tout) est comparable au marché du grain, des pork bellies ou du Light Crude Oil : une commodité. Même plus une « ressource » (la belle invention des directions du personnel), non, une simple « commo » dont le profil sera parfaitement standardisé. Des traders spécialisés pourront même commencer à jongler avec ce nouveau type d’actif en proposant des contrats (futures, options, swaps etc) dont le sous-jacent sera, comme dans l’exemple ci-dessous le prix d’une journée de travail pour les spécifications standardisées suivantes (ils aideront ainsi leurs clients à couvrir des pertes sur les stocks futurs de travailleurs ou tout autre désagrément, pendant que d’autres clients spéculeront sur la hausse ou la baisse des cours) :

type : human, sex : M , age : 18-50, height/weight : 1m.80, 70kg, skills : Strenght 14, Dexterity 12 Constitution 11, IQ : 70-90, morale : standard, special : improved resistance to poison and toxic waste, price tag : bid/offer 1.2501-1.2531 credits

  Et les autres ? Ceux qui ne voudront pas entrer dans ce marché ? Ils se contenteront d’une allocation universelle de survie, passeront leurs journées dans des univers virtuels en immersion totale où ils joueront à Dungeons & Dragons ou à d’autres jeux dans lesquels ils construiront des mondes qui n’arrêteront pas de se défaire, se nourriront de hamburgers au tofu (goût bœuf, bacon, poulet etc) et serons logés dans des clapiers de 10 mètres carrés. Ils n’arrêteront pas de s’étonner : « mais bon dieu, qu’est-ce que j’ai comme imagination. »
  Les anticipations qui précèdent projettent une vision qui est encore fondamentalement optimiste de notre avenir (il y aura un monde, nous serons nourris, logés, en sécurité). Mais que deviendront les sans-abris dans ce monde-là ? Les réfugiés, climatiques ou autres ? N’anticipons pas trop vite, pas encore…

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L’individu et le collectif

La pluralité des hommes est nécessaire à l’action politique, laquelle n’aurait pas de sens si elle ne concernait qu’un homme abstrait, singulier, et non pas des êtres réels, incarnés, tous sensiblement différents les uns des autres et souhaitant être reconnus pour tels. Mais dans quel lieu, quel espace plus virtuel que réel, chaque homme peut-il puiser les ressources nécessaires à sa participation au collectif, sinon d’abord en lui-même ? Le fait que cette introspection est déclenchée ou stimulée par autrui ne change rien au fait qu’une prise de conscience personnelle, pensée dans cet espace silencieux de l’intériorité, est ce moment nécessaire à la sortie de soi vers l’action, et l’importance d'un travail sur soi en est le corollaire obligé. Pouvoir se donner soi-même en exemple aux autres et inciter autrui à l’imitation de comportements vertueux ou plus adaptés, renvoie alors à cette idée d’une évolution lente, graduelle mais irrésistible de la collectivité que l’on peut appréhender comme une forme de conscience ou de présence collective des hommes les uns aux autres. Mais s’agit-il forcément d’une pluralité accueillante, ouverte, égalitaire ? Tout dépend des valeurs mises en mouvement par la prise de conscience et l’histoire nous rappelle que c’est loin d’être le cas. C’est la deuxième difficulté de toute analyse d’une action politique, la première étant celle du point de basculement individuel : comment empêcher l’émergence de comportements non-désirés ou inadmissibles, au regard d’un jugement moral ou normatif ? L’Allemagne n’est pas devenue nationale-socialiste du jour au lendemain en 1933, ce processus par accrétion de consciences, imitation, séduction d’un nouveau modèle s’est construit à l’image de ce processus des jeunes pousses : on ne voit pas la forêt grandir et pourtant elle finit par devenir un nouvel environnement, qui aura semblé être « toujours déjà là »... Malheureusement la force des « idées mauvaises » est peut-être semblable à la vigueur des « mauvaises herbes », elles poussent plus facilement et manifestent un comportement invasif qui finit par tuer toute autre expression. La pluralité comme l’entend Hannah Arendt est celle des différences reconnues et respectées entre tous les hommes, et non pas celle d’une répétition du semblable. La métaphore de l’imitation a donc ses limites, ou pour le dire autrement, la mobilisation des masses n’est pas l’enjeu d’une révolution politique au sens où nous l’entendons ici, car les masses présentent ce risque d’homogénéisation et de violence sociale accrue.
Quoi qu’il en soit, qu’il s’agisse d’un mouvement lent, tranquille, ou rapide et brutal, il s'agit toujours en fin de compte dans une démarche de transformation politique d'instituer un nouveau rapport de force entre groupes sociaux ou collectivités qui poursuivent des buts antagonistes. La « révolution tranquille » serait donc dans son essence de même nature qu’une révolution plus brutale mais utiliserait simplement des méthodes différentes pour arriver à ses buts. A cette conception un peu angélique, il suffit d’observer que ces comportements vertueux et marginaux d’individus ou de petites collectivités qui « font un pas de côté » sont aujourd’hui situés à la marge du système, dans des niches ; le système s'en accommode fort bien, voire en tire profit car tout devient marchandise dans le capitalisme intégral y compris la vertu. Mais je préfère cette vertu donnée en exemple, même si elle est hypocrite, au vice et au cynisme qui s'affichent sans complexe. De toute manière, n'importe quel système ne tient que par le consentement de ses membres, la sophistication du capitalisme intégral (ou néolibéralisme, peu importe le nom qu'on lui donne) est qu'il parvient à transformer les contestations elles-mêmes en sources de nouveaux attachements. J’ai difficile à croire au mythe d'une « sortie intégrale du capitalisme », cela équivaudrait aujourd’hui à une sortie de l’ensemble de la sphère sociotechnique. Je pense par contre que des hommes peuvent décider à un certain moment de changer les lois et de créer de nouveaux rapports de force. Cela s'appelle la politique et celle-ci est désirable pour autant qu’elle respecte le principe cardinal de la pluralité des hommes plutôt que du nombre des hommes. Il me semble qu'on n'a pas encore inventé quelque chose de moins affreux, à moins de déléguer tous nos pouvoirs de décisions à des machines -- ce qui est en train d'arriver grâce encore une fois à la somme de tous nos renoncements et de tous nos consentements et qui signe la mort du politique. Mais qui d’entre nous souhaite vraiment cette utopie d’un monde qui n’est plus humain ?

  Ce qu’est une mentalité d'Ancien Régime : une classe politique globalement hors-sol, la plupart de ses membres persuadés de leur bon droit, des fonctions quasi à vie qui leur sont octroyées, avec ou sans cumul et de leur capacité de reproduction potentielle via la transmission familiale, des charges, des bénéfices et du modèle, afin de restaurer ce qui porte le nom d’aristocratie. Comparaison n'est pas raison bien sûr mais je pose la question suivante : quel serait l'équivalent de la classe sociale qui conduirait un jour au renversement de cette microsociété crispée sur ses privilèges ? Quel est l’équivalent contemporain de la classe bourgeoise qui renversa l’Ancien Régime en 1789 ? Quel est l’équivalent contemporain du prolétariat qui renversa la démocratie parlementaire de Kerenski en novembre 1917 ? Quel est l’équivalent contemporain de la classe des intellectuels qui font à un moment donné alliance avec le peuple dans un but révolutionnaire ?
  Le clivage politique gauche versus droite inventé par le parlementarisme du début de la Révolution Française, est devenu plus obscur qu’éclairant. On le constate aujourd’hui avec l’émergence d’un centre informe vaguement consensuel sur tout et en fait sur rien, qui prétend ratisser de la gauche socio-démocrate à la droite modérée, dans lequel le spectacle, la fête permanente et la communication ont remplacés l’action et la réflexion. Le champ du politique capté par les professionnels et les partis est devenu une gigantesque machine qui se nourrit de l’affaiblissement des critiques et qui produit de la non-pensée, qui ne cherche en fait qu’à se reproduire en brassant les hommes et les partis dans des recompositions futiles. Ce clivage traditionnel annulé par la magie du centrisme est devenu un problème, un obstacle à la remise à plat des catégories de l’analyse politique.
  L'exigence (ce qui exigé par l'autorité sous ses formes multiples) est une forme de dépassement de soi lorsqu'elle devient principe moral intériorisé. La tragédie de la modernité (voire postmodernité) est d'avoir brisé le lien qui nous unit à la tradition, i.e., dans son double mouvement d'approfondissement de l'intériorité et d'ouverture à la transcendance. La déconstruction ...
convient évidemment mieux aux esprits rationnels et libres que le discours conservateur de la tradition - mais voilà : en rompant le lien avec notre passé l'éducation post-moderne a brûlé les étapes et créer des générations d'individus qui sont au choix, ou en combinaisons : anomiques, nihilistes, médiocres, juste "moyens", en quête de satisfaction immédiate de pulsions et rien d'autre. Pour exiger il faut d'abord assoir des fondements solides. Oui, cela s'appelle des racines. Celles de l'esprit, de l'intelligence. Homo Sapiens rejoindra vite Ia poubelle des ratés de l'évolution au rythme actuel de sa course vers la nullité.

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  Nouvelle forme de psychose à intégrer au futur DSM VI: "amok". Avec des degrés de gravité. Toi aussi teste ta prédisposition à l'amochage.

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Le paradoxe de Fermi

  Faisons l’hypothèse que la vie intelligente existe de manière abondante dans l’univers (« E.T » et autres Aliens aux formes, us et coutumes et degré de civilisation aussi variés que votre imagination). La question du jour est : pourquoi ne nous ont-ils pas encore rendu visite ?
  Rappelons d’abord en quoi consiste l’hypothèse de Fermi (popularisée par Carl Sagan) :

« Au début des années 1950, le physicien et Prix Nobel Enrico Fermi lançait la discussion sur le paradoxe apparent suivant : alors qu’environ deux cents milliards d’étoiles existent dans notre galaxie, et que très probablement, comme nous le savons assez précisément aujourd’hui, plusieurs centaines de milliards de planètes orbitent également autour d’elles, comment peut-il se faire que nous n’ayons pas encore été visités par de (nombreuses) civilisations d’extraterrestres ?
En effet, faisons l’hypothèse que la vie émerge sur une fraction même très minime de ces milliards de planètes : les dimensions de notre galaxie (quelques dizaines de milliers d’années-lumière) laissent espérer, pour une civilisation comme la nôtre assez proche de la capacité d’explorer à une fraction appréciable de la vitesse de la lumière les systèmes environnants, une exploration d’une large part de la galaxie en un temps inférieur à 1 million d’années. Or ce temps n’est que le dix-millième environ de l’âge de notre galaxie, la Voie lactée, âgée d’environ 13 milliards d’années, ou de notre Univers, âgé de 14 milliards d’années environ. Il eût donc été fort probable que notre planète ait été visitée par plusieurs centaines d’espèces différentes d’extraterrestres, qui sont à ce jour remarquablement absentes. »

  L’article suivant (ici) propose une réponse à ce paradoxe : c’est parce que toutes ces civilisations ont atteint le point de collapse systémique avant de pouvoir nous rendre visite. L’explication défendue par l’auteur de l’article consiste à prendre pour modèle de développement technologique celui de notre civilisation, forte consommatrice de ressources mais qui finit par épuiser l’écosystème de la planète-mère avant que le seuil de technologie requis pour une exploration poussée de l’espace sur des dizaines ou des centaines d’années-lumière de distance ait été atteint. Une variante de cette explication consiste à postuler que ces civilisations lointaines se sont détruites au moment de la découverte de l’énergie atomique. On conviendra que la logique de l’argument est identique : une technologie puissante et dangereuse provoque inévitablement la ruine de la civilisation avant que celle-ci ait acquise plus de sagesse et commencé l’exploration lointaine de l’espace (à la recherche de nouvelles planètes habitables).
  Dans cet essai je ne discute pas de l’argument de l’effondrement, je me concentre sur une critique du supposé pré-requis, à savoir qu’il existerait en effet une vie intelligente abondante dans l’univers. Il s’agit donc du contrepoint de l’hypothèse de Fermi : l'hypothèse qu’au contraire la vie intelligente est rarissime, voire unique dans l’univers, c’est l’hypothèse connue sous le nom de Rare Earth due à Peter Ward et Donald E. Brownlee, les auteurs qui l’ont popularisée.
  Quelle est le cœur de l’hypothèse Rare Earth ? Que l’évolution de formes de vie complexes est le résultat de probabilités exceptionnellement faibles. Les auteurs considèrent au contraire que l’apparition de la vie unicellulaire (bactéries, archées) devrait être relativement abondante mais que la difficulté consiste à passer aux organismes multicellulaires, ceux-ci ayant conduit à des espèces végétales et animales de plus en plus différenciées, ayant à leur tour par la conquête de nombreux biotopes favorisé via la sélection naturelle l’apparition de comportements adaptatifs de plus en plus poussés, conduisant à la vie « intelligente ». Pour résumer : il s’agit de l’argument de la complexité et du caractère exceptionnel des conditions environnementales au sein desquelles se trouve plongée la planète Terre, qui rendent extrêmement improbables la répétition de telles conditions ailleurs. Quelles sont ces conditions ? Les critères essentiels pour l’apparition et l’évolution de la vie complexe sont : une planète de type terrestre avec tectonique des plaques, de l’oxygène, une grande lune, un champ magnétique, un système planétaire comprenant une géante gazeuse de type Jupiter, une orbite dans une zone habitable autour d’une étoile de la bonne taille et du bon type. Ce qui a été reproché à cet argument est une forme de circularité car il prend en compte tous les paramètres qui rendent la vie sur Terre possible et les utilise ensuite comme norme, ce qui en effet est un défi aux lois de la probabilité. Une autre critique plus philosophique est que l’hypothèse Rare Earth a été invoquée par les partisans du Dessein Intelligent (le néo-créationnisme) pour justifier l’exception de la Terre et l’existence d’un Créateur. Notons que ce n’était pas l’intention des auteurs de l’hypothèse de donner du grain à moudre aux partisans du créationnisme ; le fait que leur hypothèse soit invoquée comme explication pseudo-scientifique par des religieux (déguisés) n’est pas une raison pour en invalider la pertinence propre.
  Il me semble qu’une bonne partie de la difficulté pour admettre ou réfuter l’hypothèse Rare Earth réside dans notre compréhension des lois de la probabilité. Nous avons affaire ici à un énorme biais cognitif - si nous nous appuyons sur des lois statistiques dites « normales » (courbe de Gauss) pour calculer des événements exceptionnels. Les événements ayant des probabilités apriori « hors normes » sont même d’après certains (Nicholas Taleb par exemple) beaucoup plus fréquents qu’on ne l’imagine.
  Comme il est à ce jour impossible de trancher cette question, ni du point de vue mathématique, ni du point de vue de l’observation, je me contenterai de développer quelques aspects plus psychologiques de l’argument Rare Earth et de la difficulté que nous avons à l’admettre.

« Le silence des espaces infinis m'effraie... » (Pascal).
  Sommes-nous seuls en effet dans l’univers ?
  99.9% de l’imaginaire de la science-fiction tend à nous faire penser le contraire, à tel point que chez la plupart des gens habitués à l’anticipation ou ayant un vernis de culture scientifique, cette idée de la banalité de la vie intelligente dans l’univers semble un fait acquis ; toutefois, jusqu'à ce que la preuve du fait soit établie, l'existence de vie extraterrestre intelligente et avec laquelle nous pourrions entrer en contact est juste une croyance, forte certes mais probablement aussi irrationnelle que celle des dieux de l'Olympe, des fées ou de quelque autre dieu jaloux ou bienveillant, comme vous l'entendez. C'est une hypothèse qui satisfait l'imagination, mais tant qu'on ne peut rien trouver / prouver, c'est juste une croyance habillée de concepts plus ou moins scientifiques.
  L'évolution de la vie est un phénomène physico-chimique, ce qui s'est appliqué sur notre planète devrait s'appliquer ailleurs dans l'univers. Le titre du livre de Jacques Monod : Le hasard et la nécessité (1970) indique bien la nature de cette contrainte logique : le phénomène « vie » et son évolution permanente dans des formes et fonctions est constamment le résultat du hasard, de rencontres aléatoires, et une fois enclenché, il crée sa propre logique de reproduction, intelligibilité du code qui force sa propre nécessité. Tout ceci pour dire que je ne « crois » pas (i.e. assertion non prouvée) à une altérité (de substance de vie, de code) à ce point radicale qu'elle pourrait se développer en dehors du cadre finalement assez rigide des lois de l'évolution, physico-chimiques et biologiques. L'évolution culturelle des espèces intelligentes apporte quand à elle et avec Homo Sapiens de façon spectaculaire une troisième série de lois évolutionnistes (après les lois physico-chimiques et lois biologiques, des lois culturelles) dont on peut aussi déterminer le code et la production / reproduction (langage, technologie, institutions). Tout cela forme une boucle de développement dans laquelle l'évolution culturelle interagit avec l'évolution biologique, voire physico-chimique du milieu - c'est l'hypothèse de l'Anthropocène). Je crois, il me semble etc, je reste prudent, que les probabilités cumulatives de ces trois séries de lois rendent la reproduction d'un équivalent d'une espèce intelligente de type anthropoïde ailleurs dans l'univers assez faible et que donc nous serions rares dans l'univers, voire uniques. Il n'empêche que nous serons très heureux de découvrir un jour des cousins prokaryotes (bactéries, archées) sur d'autres planètes car la vie est certainement assez répandue sous cette forme et commence modestement. La difficulté impossible à trancher au vu des contraintes énumérées par le modèle Rare Earth et notre compréhension des lois de la probabilité est celle des sauts qualitatifs qui mènent des organismes unicellulaires à des organismes complexes, aux cellules spécialisées et aux formes et fonctions de plus en plus diversifiées. 
  Une autre difficulté psychologique résulte de la compréhension que nous accordons à l'idée de nature humaine. Il ne s'agit pas d'une forteresse dans laquelle il faudrait chercher à préserver à tout prix les facultés ou les caractéristiques qui constitueraient le propre de l'homme. Les émotions, l'empathie, l'a capacité à raisonner, à communiquer et fabriquer des outils sont présentes dans le règne animal et parmi nos cousins disparus de la branche des hominines, dont nous faisons partie. Mais la défense de ce principe de supériorité d'Homo Sapiens au sommet de l'échelle de l'évolution, nous induit aussi facilement à céder à l'illusion rétrospective de la nécessité de notre existence (le soi-disant « principe anthropique ») qui consiste à dire que puisque nous sommes là, cela résulte forcément d'un dessein intelligent et qu'il n’y a pas de raison que ce dessein ne s'applique pas ailleurs, autrement; par où me semble-t-il on peut retourner l'argument de l'exception en le généralisant s'il est le fait d'un dessein intelligent. Cet argument est la simple reformulation habillée de concepts pseudo-scientifiques de l'argument religieux du créationnisme. Cela montre aussi que la croyance en des extra-terrestres qui nous ressemblent quelque peu n'est que la projection fantasmée de notre croyance infantile en notre supériorité. De toute façon, ce problème est indécidable sur base d'arguments théoriques, si l'intelligence existe ailleurs dans l'univers c'est peut-être sous une forme qui nous est totalement étrangère - mais alors comment imaginer d'autres lois de l'évolution? Si nous sommes rares ou uniques, c'est peut-être l'ensemble du système Terre, de la biosphère, qui l'est et pas seulement Homo Sapiens. 
  En somme, nous n'avons toujours pas bien compris Darwin. Notre esprit est ainsi fait qu'il oppose une forte résistance aux idées de hasard, de bricolage et de banalité (la non exceptionnalité du genre humain). Or, l'exceptionnalité nous l'avons vu présente elle-même un caractère ambigu : elle peut-être interprétée à la fois dans le sens traditionnel des écrits religieux (la Terre est unique et la vie est apparue comme l'expression d'une volonté du Créateur) tout comme elle peut être invoquée pour postuler l'existence d'autres formes de vie intelligente ailleurs (ce que le Créateur a pu réaliser en un endroit, il aurait put, il pourra le réaliser ailleurs). Dans la mythologie des extra-terrestres qui s'est créée avec la science-fiction, je vois en grande partie la résurgence d'une problématique religieuse destinée à combattre l'angoisse pascalienne de cette effrayante solitude. Mais peut-être n'est-elle pas si effrayante après tout ? Comme l'indique le beau et simple titre d'un livre de Stephen Jay Gould : La vie est belle. Pourquoi est-il tellement difficile de l’admettre ? Parce que cela reviendrait à chérir la vie pour ce qu’elle nous offre, qui est rare et précieux, et nous forcerait à modifier nos comportements. Parce que nous préférons projeter notre volonté de puissance infantile dans d’autres mondes, vers d’autres planètes qu’il sera toujours possible de conquérir un jour et de saccager pour y reproduire notre modèle du capitalisme prédateur à l’échelle de l’univers entier. Parce que nous sommes devenus une espèce dangereuse pour la biosphère et que notre cerveau reptilien programmé pour la survie nous empêche de l’admettre. Alors, nous préférons croire en des chimères et refusons de considérer notre exception pour ce qu’elle est vraiment : un cadeau de la vie.
  Dans l'histoire de l'humanité, les véritables aliens furent les populations du Nouveau-Monde rencontrées par les espagnols (et vice-versa). Il faut lire le magistral ouvrage de Todorov La découverte de l'Amérique et la question de l'Autre (qui évoque notamment la fameuse controverse de Valladolid sur l’humanité des indiens, les observations de Las Casas sur la destruction des populations indiennes etc.). Ce n'est pas un hasard si la SF populaire des années 1920-30 s'est entichée de cette question de « l’Autre » dans le contexte déformé du space-opera made in USA ; il y avait à la fois l'excitation de poursuivre la conquête de l’Ouest avec la nouvelle frontière spatiale et la catharsis de cette question de l'Autre qui fut occultée, refoulée, forclose lors de la véritable conquête de l'Ouest et l'extermination des Indiens d'Amérique.
  Voilà donc d’où vient cet impensé traumatisant qui alimente dans l’imaginaire américain le mythe de l’extra-terrestre : de la culpabilité d’anciens génocides.
  Ne tombons pas dans l'illusion anthropique, nous sommes le produit d'un évolution au même titre que toutes les espèces vivantes.
  Il n'y a pas de finalité à l'évolution, il y a juste que la vie est belle et qu’il est devenu prioritaire de la préserver ici et maintenant. La question de savoir si la vie existe sur d'autres planètes et sous quelles formes, intelligentes ou non, complexes ou non, ne devrait pas être utilisée comme argument pour relativiser notre responsabilité devant ce que nous sommes en train de faire à la biosphère. Et pour conclure provisoirement en revenant à la question de départ: pourquoi des civilisations extra-terrestres ne nous ont-elles pas encore rendu visite? (le paradoxe de Fermi), je dirais que la réponse apportée à ce paradoxe par l'article cité au début de cette note (même si ses prémisses sont fausses) devrait constituer une raison suffisante pour nous empêcher de le vérifier en menant nos écosystèmes et nos sociétés au désastre.


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  Le paradigme dominant en physique évolue avec son temps : après l'âge de la mécanique, du sujet et de l'objet cartésien et de la physique classique (Newton, jusqu'à Einstein), le paradigme suivant de l'âge industriel dominé par la machine à vapeur devient énergétique et statistique (Boltzmann, Bohr,... Planck). Aujourd'hui certains s'accordent à dire que le paradigme dominant étant celui de l’âge numérique, que la substance ultime dont la matière est faite est de la pure information (Shannon, Wiener). Nous sommes entrés dans la physique du calcul universel et de la cybernétique (un vieux rêve leibnizien qui se réalise enfin). Il sera donc logique d’y découvrir les « monades »rs une conception informationnelle du monde physique. Le tournant est opéré au début des années 1950 avec la cybernétique de Wiener et la théorie de l'information de Shannon. Sans remplacer totalement les anciens modèles, la conception informationnelle de l'univers physique la complète en postulant que la plus petite unité matérielle est le bit (ou le qbit en version quantique). L'information n'est pas immatérielle, elle a une réalité physique (électromagnétique) et un coût énergétique calculable. Le matérialisme intégral est parfaitement conciliable avec différents niveaux de réalité observable : nano et micro, macro et le domaine dans lequel nous vivons, les jardins par exemple. et l’esprit de Dieu à l’œuvre dans une « équation ultime ». Voilà pour la vulgate des Frères Bogdanov ; pour une version plus sophistiquée, lire The Information : a History, a Theory, a Flood, par James Gleick (2011).

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  Redshift. Quand la lumière est fatiguée... c'est long comme voyage, faut comprendre...

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A propos de « l’antitotalitarisme »

  Je lisais récemment le compte-rendu d'un de mes correspondants sur l'histoire de la répression en Indonésie au cours des années 1964-65. Au détour de son analyse il expliqua le caractère violent de la répression exercée par les militaires contre tout communiste ou supposé tel, par la formule suivante : « au nom du sacro-saint ANTI-TOTALITARISME (concept plus que flou, légué par Hannah Arendt) ». Je me permis de marquer mon désaccord, tant sur le plan de la lettre que sur celui de l’esprit, avec cette interprétation de la pensée d'Arendt.
  D’une part, l'anticommunisme de la guerre froide n'a pas attendu Arendt pour se constituer en discours idéologique. Si ce discours a récupéré quelque chose de la pensée d'Arendt, c'est l'idée simpliste d'une analogie de structure entre les deux grands mouvements totalitaires du XXe siècle analysée dans Origines du Totalitarisme en 1951, qui alimenta la justification du renvoi, dos-à-dos, du nazisme et du stalinisme au nom des camps et de la terreur. Cet argument fut repris au tournant des années 1980 et usé jusqu’à la corde par les « nouveaux philosophes » dans la foulée de L’Archipel du Goulag de Soljenitsyne. D’autre part, et j’y pointais une erreur d’interprétation plus sensible, car nul concept antitotalitaire n’a été explicitement pensé par Arendt. J’assurai cet correspondant qu'Arendt ne se fendit jamais d’un tel concept et qu'elle se défia avec fermeté des croisades anti-communistes, menées souvent par d'anciens communistes repentis. Elle fustigea ceux qui utilisaient des méthodes totalitaires pour combattre le totalitarisme, elle dénonça les excès commis par d’anciens repentis et ne se mit jamais au service de cette cause. Les textes d’Arendt et sa biographie sont très clairs : il n’existe pas, ni dans ses textes ni dans sa manière de penser, de « sacro-saint antitotalitarisme », il s’agit d’une invention qui lui est attribuée à tort, dans le cas de l'extrait que j'ai cité.
  J’ajoutai enfin pour faire bonne mesure, qu'il existe de nos jours une « mode anti-arendtienne » qui consiste à l'accabler des pires maux intellectuels du siècle passé (« la destruction de la pensée »), une affectation qui résulte soit d'une lecture superficielle de son œuvre, qui s'en tient à des clichés (« la banalité du mal » si souvent citée, jamais comprise), soit, et c’est bien plus grave, d'une intention délibérée de salir son œuvre et sa personne en créant de la confusion avec l’œuvre et l’influence d’Heidegger. J’assurai cet interlocuteur qu'une lecture attentive des textes d’Arendt invaliderait aisément cette interprétation à charge.
  Enfin, je conclut ma diatribe en disant que dans le fond, cette tendance au « Arendt bashing » était fort commode s'il s'agissait d'occulter le sens profond de son œuvre qui nous parle des conditions de (re)fondation possible du politique à partir de la pluralité des humains. Mais de cela, personne parmi ces intellectuels dénonciateurs n’a envie de parler, c’est-à-dire de réfléchir aux conditions d’une véritable révolution démocratique. Rien qui surprenne, puisque leur passion les emporte toujours vers le centre de gravité autour duquel tourne toute idéologie : la connaissance de la vérité dont ils détiennent une partie ou le tout.

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  Et nous terminons cette revue des événements mémorables ou minuscules du mois, par un écho de la cruelle vie littéraire il y a soixante ans, rappelés à notre bon souvenir par l’Agenda 2017 de La Pléiade.
Juillet 1957 : «   Morand à Chardonne, le 9 juillet : « Que dois-je faire avec Céline ? Si je le remercie de son livre, j’ai l’air d’en approuver les réserves et déclarations de repentance ; si je n’écris pas, je fais figure de lâcheur. » Il écrira. « Votre succès est prodigieux. Les jeunes vous vénèrent. Votre message est attendu, reçu, compris.
  Céline à Nimier, le 10 juillet : « mes livres manquent aux libraires à travers la France ! Je le sais. On me les demande ! Cette foutue baraque NRF n’est jamais au combat ! toujours je ne sais où en train de se les rouler ! » __ Nimier à Céline, le 11 : « Je crois que Gaston est un peu triste de ne plus recevoir d’insultes. Songez-y. »
  Le 17, Céline est invité par Pierre Dumayet à Lectures pour tous. L’Humanité titre « Scandale à la télévision ». »

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Merci à :
Lewis Dartnell pour The Knowledge
Iain Sinclair pour London Orbital
et à tous ceux qui défendent le matérialisme intégral dans le champ scientifique et politique, combattent l’obscurantisme sous toutes ses formes et nous aident à (re)p(e/a)nser le monde qui viendra.
- Amitiés
P.S. (rappel publicitaire) : Avez-vous acheté votre Ubik de protection? Ne tardez pas. Il vous protègera des uns et des autres.

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Remerciement spécial à Maurice G. Dantec (Grenoble, 13 juin 1959 – Montréal, 25 juin 2016), « écrivain nord-américain de langue française » comme il se définissait lui-même, à qui j’emprunte le titre de Théâtre des opérations pour le texte que vous venez de parcourir.
Et sans oublier Jack Kirby, le créateur du Silver Surfer qui fit sa première apparition dans les pages de Marvel Comics en mars 1966.
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Précédents épisodes du Théâtre des Opérations :