dimanche 6 mai 2018

Métamorphoses de C. (suite et peut-être fin, 3ème partie)


  L’essentiel de cette note sera formé par un petit journal tenu lors d’un dernier séjour à Paris. Et la philosophie ? Il n’y en a pas.

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  Le dernier billet publié sur ce blog date du 1er janvier de cette année. C’est le plus long intervalle de temps que je constate entre deux publications au cours des six années d’existence du projet d’écriture des « Métamorphoses de C. »
  Des obligations professionnelles qui me prennent beaucoup de temps en sont en partie la cause, à quoi s’ajoute en sourdine les questions que je soulevais lors du billet récapitulatif du 31 décembre dernier (sous le titre … suite et peut-être fin, 1ère partie), la question du sens. Je n’ai toujours pas de réponse à cette question. « L’esprit de l’époque » si je puis me permettre cette expression désuète, pousse un nombre croissant d’individus à écrire, il me semble en effet que nous n’avons jamais autant publié de nouveautés, ce sont des observations que les libraires et les éditeurs font remonter à chaque rentrée littéraire par exemple, et à côté ou en-deçà, dans une espèce d’inframonde éditorial, d’une zone parfois franchement glauque et en règle générale très médiocre qui est celle de l’autoédition sous plusieurs formes, de la plaquette soignée à compte d’auteur d’un écrivain reconnu à l’impression à la demande d’un livre bon à jeter imprimé en Bulgarie via le Net sans travail éditorial de tiers, en passant par les fausses maisons d’éditions où l’auteur paye de sa poche le « privilège » d’avoir un livre imprimé à son nom, la masse des écrits d’une saison, d’une semaine ou d’un jour ne cesse d’augmenter comme si l’univers de l’écrit était soumis à la pression d’une force sombre, d’une énergie noire, qui accélère le rythme de son inflation, jusqu’à ce que la Création entière se dissolve dans un vide absolu. Et ceci ne concerne que le « papier » sans compter la masse encore plus colossale de l’écrit électronique, dont les fameux « blogs » du Net constituent un exemple. Donc, à quoi bon, au nom de quelle vanité ? J’admets, je reconnais, que je participe à ce bruit, à cette inflation des signes. Soit. Cette vanité de l’époque serait excusable si elle s’accompagnait d’une augmentation correspondante de la lecture. Mais, encore une fois, il faut le constater avec dépit, au nombre de livres qui s’accroit correspond une relation inverse du nombre de lecteurs. Nous lisons de moins en moins (globalement) et de moins en moins aussi avec le papier comme support, et de moins en moins les œuvres qui ont passé l’épreuve du temps : les classiques. A chacun sa définition des classiques, je connais un excellent libraire pour lequel le monde personnel de l’écrit, les livres qui comptent, qui marquent une vie, une pensée, une sensibilité, commence aux années trente du vingtième siècle. Pour moi, c’est l’époque où mon univers littéraire s’achève. Mais dans les deux cas il s’agit d’auteurs morts. Il y a toujours beaucoup de lecteurs aujourd’hui mais que lisent-ils ? Principalement des auteurs vivants, ceux dont on parle à la télévision, dans les journaux ou ailleurs dans les cercles d’autocongratulation des réseaux sociaux. Un « classique » naît avec l’entretien qu’on a avec un auteur par-delà sa mort. Les auteurs décédés ne participent plus par définition au bruissement vain du monde, s’ils ont quelque chose à dire qui nous parle, c’est que cette parole a supporté l’épreuve du silence et de leur propre disparition. Je crois que c’est une bonne garantie de validité de l’écrit. Tout ce qui est strictement contemporain est disqualifié, en semi vie, en attente d’une vie future hypothétique, disons le mot, d’une résurrection où des lecteurs parfois fort lointains donneront du sens à ce qui fut écrit, produit, reçu, dans des circonstances révolues, certainement fort dissemblables de leur horizon. C’est à travers le temps et les communautés de lecteurs qui se répondent, se critiquent, changent de perspective, d’époque en époque, que s’établit durablement la vie des livres. En deçà de cette limite règnent sans partage l’incertitude et la vanité.
  Une conséquence dramatique de l’inflation des livres contemporains (en corrélation inverse avec leur réception à long-terme et le nombre de leurs lecteurs) réside dans le sacrifice des livres anciens ou rarement consultés des bibliothèques publiques afin de faire de la place pour les nouveautés (le dernier best-seller) ou pour les « nouveaux médias ». Un témoignage m’en a été récemment rapporté via cet excellent libraire que j’invoquais plus haut concernant la Bibliothèque des Riches-Claires de la Ville de Bruxelles, obligée de mettre au rebut 15% de ses volumes chaque année. Autre anecdote qui dit aussi le désastre culturel dans lequel nous plonge « l’esprit de l’époque » : le nombre d’Alliances Françaises a été réduit de moitié dans le monde ces dernières années pour causes de restrictions budgétaires successives. Quel rapport me direz-vous ? Je connais quelqu’un qui, émigré de longue date dans un pays lointain, décida un jour de faire don de sa bibliothèque richement dotée à l’association locale de l’Alliance Française de la ville où il avait élu domicile. Beau geste qui aurait aussi assuré une forme de pérennité relative à ses livres, et j’espère que cette Alliance-là n’a pas été fermée. Car qu’arrive-t-il de plus en plus souvent aux livres des belles bibliothèques de particuliers ? Leurs descendants n’en veulent pas, n’ont pas la place chez eux, s’en fichent. Bref, lorsque l’antiquaire vient pour expertiser les meubles et tableaux des demeures bourgeoises qu’ils doivent vider, ou des greniers de leurs parents plus modestes, ce dernier, s’il est pressé, cherche son rendement et s’en remet à « l’esprit de l’époque » pour le reste, dit cruellement : « à la déchetterie ». Encore une fois, il s’agit d’un témoignage concernant une bibliothèque à Fontainebleau où l’ancien propriétaire avait rassemblé l’œuvre d’une vie passionnée par le cinéma et par la littérature sur le Septième Art, quelques milliers de livres pointus, des collections rares etc.., tout cela a terminé sa vie dans une déchetterie. C’est un exemple parmi d’autres…
  Amis lecteurs, passionnés de livres, amoureux des livres anciens : tout ce que vous faites est vain, plus personne n’en voudra.
  Notre époque brûle donc dans l’indifférence générale des livres qui comptent, ceux que la passion et la patience de leurs lecteurs ou des bibliothécaires, avaient savamment constitué en unités de sens, en ensembles témoins d’un goût, d’une personnalité, en communauté avec des auteurs d’époques révolues et qui ne survivent que grâce à eux. A ces crimes innombrables de la mémoire s’ajoutent donc des autodafés pires que ceux pratiqués par les intolérants qui détruisaient les livres qu’ils abhorraient, car ceux-là au moins avaient des raisons, mais aujourd’hui les destructeurs de livres n’ont pas d’argument idéologique, c’est en quelque sorte l’illustration tragique de la loi du marché de nos chers libéraux appliquée à la Culture.
  La Culture n’est pas, ne peut pas être un domaine régulé par le marché, par « l’offre » et « la demande ». La Culture est, devrait être, un de ces grands domaines sur lesquels l’État, la puissance publique, exerce sa souveraineté au nom de la défense patrimoniale, autre nom du respect de la tradition, au risque assumé de garantir conservation et promotion des « Lettres mortes » pour nul vivant mais pour la seule nécessité de la transmission, car il suffit d’un seul lecteur demain, après-demain, pour réveiller des milliers de pages endormies et qui sait ce qui peut surgir de ces rencontres ? Un monde. Une nouvelle idée du bonheur. Une révolution.  

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  Dans le billet du 1er janvier j’annonçais la publication prochaine d’un petit « journal de voyage à Paris ». Dont acte.
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Journal parisien – décembre 2017 (où il est aussi beaucoup question de Bruxelles, du moins au début)
  Pour trouver la trace des précédents carnets parisiens publiés sur le blog des MdC, tapez le nom de la balise Journal_Paris dans la barre de recherche. Suivre les douze entrées proposées à ce jour, sans compter cette dernière ; tous ces billets furent publiés entre le 8 Jan. 2012 et le 24 Août 2014, décrivant cinq « voyages » (*) :
·       28-30 Déc. 2011 (billets « Paris I » à « Paris IV – Le Petit Palais »)
·       26-28 Déc. 2012 (billets « Paris V – Entre Canaletto et la pègre » à « Paris VII - Bohèmes »)
·       3 Fév. 2013 (billet « Paris VIII – Edward Hopper, last day »)
·       9-11 Oct. 2013 (billets « Dans le 11ème arrondissement I » à « Dans le 11ème arrondissement III »)
·       23 Août 2014 (billet « Trois lieux, deux instantanés, un développement (micro-journal parisien) »)
Cette dernière promenade est donc en date du :
·       26-29 Déc. 2017 (billet « Métamorphoses de C. (suite et peut-être fin, 2ème partie), avec un Carnet de voyage parisien (décembre 2017) et l’Agenda de la Pléiade 2018 »)
 (*) on a les voyages qu’on peut se permettre : autour de sa chambre, dans sa « librairie », à Bruxelles, à Paris… parfois plus loin, voire beaucoup plus loin. L’important à chaque fois, c’est de revenir. Il n’y a de voyage qui tienne que parce qu’il y a possible retour.
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Un voyage se prépare. Les guides de la promenade :
·      Paris, Hachette collection « Guides Bleus », 1999 – toujours d’excellente facture.
·       Musées de Paris, Hachette collection « Guides Bleus », 1999 – vieilli mais surtout utile pour tous les petits musées que l’on a tendance à oublier.
·      Paris tel qu’on l’aime, (Doré Ogrizek, éd.), Odé « Le monde en couleurs », 1949 ; avec des textes d’écrivains pour les quartiers de Paris (mon exemplaire porte l’autographe « Paris, 17 juin 1956, Minette » et un carton d’affaire collé sur la face intérieure de la couverture, portant mention : « Avec les meilleurs vœux de la Caisse Générale d’Epargne et de Retraite »). J’en conclus que dans les années 1950, les banques faisaient cadeau à leurs clients – choisis avec soin, de « beaux livres » les invitant au voyage ou à la littérature. La vénérable CGER est une banque belge célèbre qui fusionna avec La Générale de Banque et qui fut à l’origine du groupe belgo-hollandais Fortis. J’y travaillé juste après la fusion avec la Générale au tout début des années 2000. Le siège social de « l’abeille » (puisque tel était son surnom) situé Rue du Marais a disparu du paysage bruxellois. Aujourd’hui, les banques « remercient » leurs clients avec des stylos en plastique, des clés usb ou des souris (oranges)… et encore ! Gadgets massivement importés de Chine pour quelques euro-cents l’unité). Voire des tablettes… tellement plus cool de la part des managers digital natives. C’est formidâble, quel progrès ! Et la littérature dans tout ça ? Bah ! on s’en fout !
·       Alfred Fierro, Histoire et dictionnaire de Paris, Robert Laffont collection « Bouquins », 1996, une somme indispensable pour mieux connaître Paris, plus 1500 pages ! J’y ai pioché des informations sur la démographie et la géographie de Paris, l’histoire de ses libraires ou de son métro.
·       Jean-Paul Clébert, Paris insolite, éd. Denoël, 1952, rééd. Livre de Poche n°2226, 1967. Ce livre porte l’épithète de roman, ce qu’il n’est pas, mais un récit en première personne de promenades aux marges, dans les bas-fonds, les sans-grades, les clochards, dans la ville qu’on ne voit pas ou alors à travers les photographies de Robert Doisneau et de Robert Gireau, à qui l’ouvrage est dédié.
·       Léon-Paul Fargues, Le piéton de Paris, Gallimard, 1939. Savoureux, ironique, les promenades de l’auteur de Tancrède, des Espaces et des Méandres ou des Dîners de Lune sont dans toutes les mémoires. Ses pages sur St-Germain-des-Prés, sa faune et les conversations du Café de Flore, Des Deux Magots ou de la Brasserie Lipp méritent le détour de quelques minutes volées à vos mails dans le Thalys ! Paris est la capitale de la Littérature, alors lisez, bon sang ! La promenade de l’auteur dans le Marais et le quartier juif donne rétrospectivement froid dans le dos.

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  Dans le Thalys je m’amuse à comparer quelques chiffres et à calculer des densités de population avec l’aide du livre de Fierro et de Google :
Superficie de Paris (*) en 1926 : 8 612 ha. / 861 km2
Population de Paris en 1921 (pic maximal) : 2 906 472 hab.
Densité : 33 700 hab. / km2
Superficie de Paris en 1984 (limites actuelles) : 10 540 ha. / 105,4 km2
Population de Paris en 1990 : 2 154 678 hab.
Densité : 20 442 hab. / km2
Population de Paris en 2017 : 2 241 346 hab.
Densité : 21 265 hab. / km2
Superficie de la Région de Bruxelles – Capitale (**) en 2017 : 161,4 km2
Population de la Région de Bruxelles – Capitale en 2017 : 1 200 836 hab.
Densité de la Région de Bruxelles – Capitale en 2017 : 7 440 hab. / km2
Densité de la Ville de Bruxelles (***) en 2017 : 5 415 hab. / km2
Densité de la Commune de Laeken (****) en 2015 : 6 500 hab. / km2
(ajustée, sauf Domaine Royal : 8 271 hab. / km2)

(* Paris intra-muros
** La Région est une des trois entités fédérées du royaume de Belgique ; elle correspond aux limites des 19 communes de l’agglomération de Bruxelles, encastrée en Flandres – voir photo plus bas pour la représentation que se font certains parisiens de ce qu’est « Bruxelles »
*** La Ville de Bruxelles comprend outre le cœur de l’agglomération sis dans le Pentagone, les territoires des anciennes communes autonomes de Laeken, Haren et Neder-over-Hembeek, ainsi que le tronçon de l’avenue Louise jusqu’au Bois de la Cambre inclus ainsi que le Quartier Léopold, siège des institutions européennes – cela donne une forme très bizarre qui me fait penser à un cerveau difforme, monstrueux, avec un lobe fronto-temporal (Laeken), un lobe pariéto-occipital (Neder-over-Hembeek, Haren), un tronc cérébral (le Pentagone), un gros bulbe rachidien (le quartier européen), et une moelle épinière (le goulet Louise et le Bois de la Cambre). Voyez les zones en gris et bleu clair sur la carte ci-dessous.

**** Laeken est constituée d’une partie très fortement urbanisée le long du canal et autour de la Place Bockstael et d’une autre partie, considérable (186 hectares), quasi-déserte (sauf pour un habitat faunique préservé) et pour l’essentiel privée : le Domaine Royal (dont le Château). Le contraste est saisissant. La surface totale de Laeken est de 925 hectares, si on y retranche la part du Domaine Royal, il reste 739 ha de logements et une densité ajustée de 8 271 hab./km2 pour ses 60 295 habitants, une densité qui est supérieure à la moyenne de la Région. Pourquoi cet intérêt soudain pour Laeken ? Cherchez l’auteur des MdC et vous trouverez).


Conclusion : il y a aujourd’hui une densité supérieure de près du triple du nombre d’habitants à Paris qu’à Bruxelles au km2 (précisément : 2,86 fois plus grande).
Quelles sont les perspectives démographiques pour Bruxelles ?
On estime à 1,4 millions le nombre d’habitants à Bruxelles en 2040 et à 1,5 millions en 2060, ce qui aurait pour effet de faire monter la pression de population à la densité de 9 293 hab. / km2 – on sera encore loin du compte de la situation à Paris. Je n’ai pas trouvé de projection à 2040 ou 2060 spécifique pour la ville de Paris, il y a bien entendu les études de l’INSEE qui concernent les régions, l’Ile-de-France notamment qui devrait passer à 13,2 millions d’habitants d’ici la moitié du siècle.
Je suppose que la courbe démographique devrait rester assez stable dans Paris « intra-muros », voire même décroître, compte tenu du prix exorbitant de l’immobilier (nous y avons vu pendant ces quelques jours des prix à la vente ou à la location qui nous ont fait dresser les cheveux sur la tête. Un exemple : dans le sixième arrondissement, un « appartement » de 10 m2 - vous avez bien lu – à vendre au prix de 115 000 €. C’était le moins cher. Dans le même quartier, un appartement de luxe de 200 m2 à plus de 6 millions d’€ - entièrement rénové, il est vrai, avec une vue magnifique). En fait, la situation de Paris « intra-muros » est considérée comme atypique, par rapport à d’autres capitales européennes.
Peut-on faire un parallèle entre les explosions sociales de l’histoire de Paris au XIXème siècle et la pression, beaucoup plus forte qu’aujourd’hui, de sa population dans un périmètre urbain en plein bouleversement avec l’industrie, la destruction des vieux quartiers (les travaux d’Haussmann) et la paupérisation ? Certainement, on en trouve des reflets dans la littérature naturaliste d’un Zola au XIXème, ainsi que dans les œuvres d’auteurs de romans « populaires » du début du vingtième siècle, Eugène Dabit par exemple, voire L.F. Céline (écrivain « du peuple » par excellence, ce qui ne manquera pas de faire grincer des dents quelques grincheux), Céline donc auquel je pense pour sa description hallucinée des passages couverts, de l’entassement des gens et de l’asphyxie aux becs de gaz (dans Mort à Crédit). En fait, voilà : Paris c’est L.F. Céline, et réciproquement, du moins, jusqu’à une certaine époque, d’avant l’embourgeoisement (dans mon imaginaire, je ne veux pas dire mon musée personnel car la matière y est vivante, elle remue, c’est aussi le cinéma des grandes gueules et de l’accent parigot – chaque fois que je retourne à Paris, je me demande : est-ce que je vais trouver, sentir, un peu de cet accent-là ?). Les « choses » ne disparaissent jamais qu’avec leur ultime témoin. Longtemps, je me suis couché de bonne heure et suis arrivé à la conclusion qu’on ne voyage vraiment que dans sa tête, que tout le reste, le monde entier, est pré-texte - cela sent un peu son évêque George Berkeley ? mais oui. Esse est percipi aut percipere.

Arrivée à l’appartement, rue du Cherche-Midi. Bel espace dans une ancienne « maison de mousquetaires ». Les n°2 à 12 constituaient l’ancien couvent des Prémontrés (dont l’église fut le siège de la section de la Croix-Rouge puis du Bonnet Rouge, puis du Bonnet de la Liberté pendant la Révolution française).

Bonnet Rouge. Apparu au début de l’été 1791, le bonnet rouge fut le signe de ralliement du parti populaire et symbolisa la liberté retrouvée, par allusion au bonnet phrygien des esclaves de l’Antiquité. Brissot se fit le propagandiste de ce couvre-chef dans Le Patriote français. Les riches patriotes le firent peindre comme armoiries sur leurs voitures. Le 20 juin 1792, Louis XVI fut contraint de s’en coiffer. On en présenta un à Marie-Antoinette qui le plaça sur la tête du dauphin. Les révolutionnaires le portaient couramment en 1793. Marat s’affichait à la Convention en carmagnole, bonnet rouge et sabots. La Convention décréta le 18 septembre 1793 que « les galériens ne seraient plus coiffés à l’avenir du bonnet rouge qui devenait l’emblème du civisme et de la liberté ». En 1794, la Commune de Paris décida que les enterrements seraient conduits par un commissaire civil portant un bonnet rouge orné de la cocarde tricolore. Lors de l’abjuration de l’évêque Gobel et de ses coadjurateurs, ils se présentèrent à la Convention en bonnet rouge. Après le 9 thermidor, la mode passa et les derniers bonnets rouges disparurent à la suite du Consulat.

J. Tulard, J.-F. Fayard, A. Fierro, Histoire et Dictionnaire de la Révolution française 1789-1799, Robert Laffont coll. Bouquins, 1998.



Rue du Cherche-Midi
Ainsi nommée en référence à ceux qui cherchaient « midi à quatorze heures ».

L’église Saint-Sulpice
Le problème des deux tours dissemblables. La tour sud est restée inachevée. L’architecte Maclaurin succède à Servandoni après 1765, qui est déchargé du projet d’élévation du grand portail, la façade de St-Sulpice, mais la fabrique d’église est insatisfaite du résultat. Enfin, J.F. Chalgrin modifie la tour nord pour l’accorder stylistiquement avec les deux ordres inférieurs de la façade.





  Grâce à un ami québécois, l’excellent éditeur Rémi Ferland des Editions 8, j’avais appris que les trois fresques de Delacroix dans l'église Saint-Sulpice à Paris avaient été récemment restaurées et pouvaient être admirées dans tout l’éclat de leurs couleurs.
 Il était prévu que je les redécouvre de mes propres yeux avant la fin de l’année. C’est donc fait.
 Voici d’abord le compte-rendu de Rémi avec la description d’un des trois tableaux, sous la plume de Baudelaire, suivie de l’histoire du personnage principal racontée dans le Livre des Maccabées.


Héliodore chassé du Temple.
« Dans un temple magnifique, d’architecture polychrome, sur les premières marches de l’escalier conduisant à la trésorerie, Héliodore est renversé sous un cheval qui le maintient de son sabot divin pour le livrer plus commodément aux verges des deux Anges ; ceux-ci le fouettent avec vigueur, mais aussi avec l’opiniâtre tranquillité qui convient à des êtres investis d’une puissance céleste. Le cavalier, qui est vraiment d’une beauté angélique, garde dans son attitude toute la solennité et tout le calme des Cieux. Du haut de la rampe, à un étage supérieur, plusieurs personnages contemplent avec horreur et ravissement le travail des divins bourreaux. »
Baudelaire, L'art romantique

  L’histoire d’Héliodore est contée dans l’Ancien Testament :
« Pendant que les Juifs suppliaient le Seigneur Tout-Puissant de garder intacts, en toute sûreté, les dépôts à ceux qui les avaient confiés, Héliodore exécutait son dessein. Déjà il était là avec ses satellites près du trésor, lorsque le Seigneur des esprits, le Dominateur de toute puissance, fit une grande manifestation, de sorte que tous ceux qui avaient osé venir là, atteints par la force de Dieu, furent frappés d'impuissance et d'épouvante. A leurs yeux apparut un cheval monté par un cavalier terrible, et richement caparaçonné ; s'élançant avec impétuosité, il agita sur Héliodore ses pieds de devant ; le cavalier paraissait avoir une armure d'or. En même temps, lui apparurent deux autres jeunes hommes, pleins de force, brillants d'un vif éclat et vêtus d'habits magnifiques ; s'étant placés l'un d'un côté, l'autre de l'autre, ils le flagellaient sans relâche, lui portant une multitude de coups. Héliodore tomba subitement par terre, environné de profondes ténèbres ; on le ramassa, pour le mettre dans une litière ; et cet homme qui venait d'entrer dans la chambre du susdit trésor avec une suite nombreuse de coureurs et de satellites armés, on l'emporta incapable de s'aider lui-même et ayant visiblement éprouvé la puissance de Dieu »
Deuxième livre des Maccabées, III, 22-28.

Le combat de Jacob avec l’Ange
 Description
Eugène Delacroix à propos des peintures de la chapelle des Saints-Anges à Saint-Sulpice :
« Mais d’où vient que ce combat éternel, au lieu de m’abattre, me relève ; au lieu de me décourager, me console et remplit mes moments, quand je l’ai quitté ? » (Journal, 1er janvier 1861)

Genèse 32:22-32







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  Et en vrac, des lieux.

La librairie d’Argences
(84, rue Bonaparte, 6è arr.)
  Une autre suggestion de l’excellent Rémi, rendre visite à la librairie d'Argences voisine, rue Bonaparte, chez « le dernier des grands libraires », M. Yves Vachon !


La librairie Vrin
(6, place de la Sorbonne, 5è arr.)
  Haut lieu de la vie intellectuelle parisienne, cette librairie fondée en 1911 par Joseph Vrin est aussi une maison d’édition réputée, une référence française et internationale incontournable dans l’étude des textes de la philosophie ancienne et moderne. Le « tournant philosophique » de la librairie a lieu au début des années 1920 suite à la rencontre du libraire avec Etienne Gilson (1884-1978), immense figure de la philosophie médiévale. La librairie est restée une entreprise familiale, qui en est à sa troisième génération. Longue vie à la famille Vrin !


Saint-Germain

Thermes de Cluny (Musée national du Moyen-Âge)

(6, place Paul-Painlevé, 5è arr.)

Galeries Lafayette
(40, boulevard Haussmann, 9è arr.)
  Les décorations de Noël : les vitrines, le sapin

Église Saint-Eustache